Pourquoi choisir d’enfanter sans péridurale ?
J’ai pu lire ici et là des articles parlant d’effet de mode, que « la souffrance était tendance »… Au-delà une fois de plus d’infantiliser la femme, de lui dénier sa capacité à penser par elle-même et de la maintenir opprimée au sein de notre cher système patriarcal, de tels propos témoignent avant-tout d’un manque de connaissance flagrant de la physiologie de la naissance.La première des nombreuses raisons qui pourrait pousser une femme à choisir de se passer de péridurale est, à mes yeux, le désir de ne pas « passer à côté » de son accouchement. La volonté de ne pas être anesthésiée pour ce grand voyage, d’en vivre chaque seconde en femme libre, de traverser toutes les étapes du vortex de la naissance, de pouvoir se connecter à sa puissance et d’expérimenter l’enfantement comme le rite initiatique qu’il peut être si l’on s’en laisse la possibilité. Certaines femmes vivent une expérience qui relève du mystique et toutes témoignent de la transformation profonde et parfois même de la renaissance qu’un tel moment induit.
Enfanter en conscience et en puissance peut être une expérience ô combien salvatrice pour certaines : cela peut permettre de panser les trop nombreuses blessures qu’une femme porte en elle, soigner la relation compliquée qu’elle entretient si souvent avec son corps, se rendre compte qu’elle est capable, que son corps est capable. « Je l’ai fait, je peux tout faire à présent ».
(Re)trouver une confiance en soi inébranlable, toucher du doigt la souveraineté ultime, permettre de débuter cette folle aventure qu’est la maternité avec une image de soi positive et avec cette force n’est pas anodin !
Il peut y avoir aussi la fierté de l’accomplissement, comme peuvent l’éprouver des alpinistes en contemplant la vue du haut de leur montagne : les sentiments éprouvés seraient-ils les mêmes s’ils avaient été déposés là en hélicoptère ?
Une autre raison (et pas des moindres) est la volonté de se tenir éloignée de la cascade d’interventions dont la péridurale est à l’origine dans une grande majorité des cas (ralentissement du travail, ocytocine de synthèse, ralentissement du rythme cardiaque du foetus, césarienne d’urgence, disparition des sensations, privation de sa mobilité, poussée dirigée, utilisation de forceps ou de ventouse, épisiotomie ou déchirure, hémorragie post-partum… ).
En outre, la péridurale passe la barrière placentaire et atteint le fœtus. Il peut être plus difficile de démarrer un allaitement avec un bébé né sous péridurale qui va beaucoup dormir et avoir du mal à téter. Combien de femmes demandent d’ailleurs à l’anesthésiste lors de la visite du 9ème mois quels sont les produits utilisés ? Certaines femmes savent que la péridurale est un mélange d’anesthésiques et de morphiniques et ne veulent pas la prendre pour cette raison. Il existerait un lien entre les comportements addictifs chez les jeunes adultes et le fait d’être né sous péridurale.
Bien évidemment il est essentiel pour moi de rappeler que la manière dont nous mettons nos bébés au monde n’est pas une compétition. Par ailleurs, il est possible de vivre un enfantement puissant ou encore d’allaiter son bébé sans difficulté en ayant pris la péridurale et inversement : l’absence de péridurale ne garantit pas un enfantement de rêve ni un allaitement sans encombres… L’objet de ce billet est de lister les raisons qui peuvent pousser une femme à vouloir se passer d’analgésique le jour de la rencontre avec son bébé. Mais il existe une multitude de raisons pour lesquelles la péridurale est une merveilleuse invention et une chance, la première de ces raisons étant tout simplement de permettre à la femme qui accouche d’avoir le choix. Ses motivations lui sont propres et sont toutes à respecter.
Nous en revenons encore et toujours à la notion de choix libre et éclairé et je ne pense pas que les femmes bénéficient aujourd’hui de toutes les informations relatives à cette intervention médicale.